Consultation publique
Le gouvernement du Canada a tenu une consultation publique sur la mise en œuvre de la Politique canadienne sur la coproduction audiovisuelle régie par des traités du 4 février au 31 mars dernier. Nous publions quelques points importants du mémoire conjoint déposé par la SARTEC et l'UDA dans le cadre de ce processus de consultation. Vous pouvez lire la version intégrale du document dans notre site Internet.
Mémoire conjoint
Politique canadienne de coproduction
La coproduction, comme plusieurs politiques publiques dans le secteur audiovisuel, a souvent semblé tiraillée entre deux ensembles d'objectifs parfois complémentaires, parfois conflictuels : les objectifs culturels et industriels. Malheureusement, tant dans l'objectif de la politique que dans les principes directeurs, les préoccupations culturelles ne sont que timidement évoquées et le plus souvent occultées voire évacuées.
Pour la SARTEC et l'UDA, le document de consultation s'en tient le plus souvent à des généralités, dresse un tableau fort sommaire des avantages des coproductions et des problèmes rencontrés ces dernières années. Il ne sert qu'à mettre la table pour faire avaler des principes directeurs dont il est alors difficile d'évaluer le bien-fondé.
Dans une étude conjointe sur les séries jeunesse publiée en 2005, la SARTEC et l'UDA avaient démontré que le marché francophone ne trouvait pas nécessairement son compte avec les accords de coproduction. Ainsi, le financement canadien des coproductions des séries d'animation avec tous les pays coproducteurs s'était élevé à 746 000 000$ sur une période de 10 ans, mais n'avait donné aucune production écrite en français ici.
À partir de données figurant sur le site de Téléfilm Canada, la SARTEC et l'UDA considèrent que la situation ne s'est que très légèrement améliorée depuis. En télévision, pour les séries d'animation et les dramatiques, les accords de coproduction même avec la France font toujours fort peu de place aux œuvres francophones d'ici. Imaginons alors la situation avec les autres pays, la plupart anglophones. Et si en cinéma, la situation est plus heureuse, force est de conclure que la production de langue française d'ici ne profite pas de façon importante des retombées économiques des coproductions, lesquelles contribuent à accroître le déséquilibre linguistique du secteur audiovisuel.
Constatant que l'équation linguistique est totalement absente de l'analyse du ministère, la SARTEC et l'UDA réclament que le gouvernement profite de la révision de la politique de coproduction pour corriger le déséquilibre de la production de langue française. Pays officiellement bilingue, le Canada doit refléter cette réalité dans ses accords de coproduction et valoriser l'expression artistique francophone en développant un pôle de production favorisant les œuvres écrites et jouées en français.
Quant aux changements mis de l'avant dans le cadre de cette consultation, si les deux associations voient généralement d'un bon œil les nouvelles dispositions en matière de doublage et considèrent essentiel que les coproductions soient doublées par un des pays coproducteurs, elles s'opposent fortement à l'ouverture des postes-clés à des ressortissants d'un pays tiers aux accords de coproductions. Pour elles, l'ajout de talents américains ne contribuera qu'à diluer davantage le contenu canadien des œuvres produites au détriment des artistes et créateurs d'ici.
En conclusion, la SARTEC et l'UDA déplorent que la révision proposée de la politique de coproduction fasse fi des points de vue culturel et linguistique en mettant de l'avant des mesures qui, d'une part, favorisent l'américanisation de notre culture au détriment du contenu national et, d'autre part, accentuent un mode d'intervention qui renforce surtout la capacité de production de contenu de langue anglaise. Par conséquent, elles réitèrent leur demande en faveur du développement d'un pôle de production francophone fort, et rappellent leur vive opposition à l'ouverture des postes-clés et autres au personnel de pays tiers.
Téléchargez le mémoire conjoint : Politique canadienne de coproduction