© Julie Artacho
Anita Rowan, portrait d’une auteure inspirante !
Elles nous inspirent grâce à leurs histoires qui subliment le grand et le petit écran. La SARTEC souhaite rendre hommage à ces auteures à travers une saga de portraits.
Nous commençons cette saga avec la scénariste Anita Rowan, auteure des séries Les yeux fermés, diffusée sur ICI TOUT.TV et Les Révoltés, qui sera bientôt lancée sur Club Illico.
Anita Rowan, auteure autodidacte !
Diplômée en communication, profil télévision de l’UQAM, Anita Rowan a eu envie d’écrire pour la télé en voyant La Vie, la vie, une série écrite par Stéphane Bourguignon et réalisée par Patrice Sauvé, qui a, selon elle, changé la face de la télévision québécoise.
Cette œuvre s’est démarquée par la finesse de son écriture et de sa réalisation. C’est une brève rencontre avec le réalisateur qui a semé une petite graine dans la tête d’Anita : « Pourquoi tu n’écris pas pour la télé ? »
Après l’obtention de son diplôme, elle travaille pour des agences de publicité, conçoit de nombreuses campagnes publicitaires et devient rédactrice en chef du magazine Speed. À temps perdu, elle écrit 13 épisodes d’une demi-heure d’une série qui ne verra jamais le jour mais l’exercice lui aura permis de s’initier à la scénarisation. Elle mènera cette double vie pendant quelques années avant de se consacrer à temps plein à sa passion. Elle fait ses premiers pas sur la série à sketches Les Parent en 2011.
Elle est ensuite recrutée pour écrire un épisode du téléroman O’. À la suite de la maladie de l’auteure principale, elle finira par signer 42 épisodes en 5 ans. Elle collabore ensuite à plusieurs séries (Au secours de Béatrice, Une autre histoire, L’Échappée) et fait ses classes auprès d’auteurs chevronnés.
Éventuellement, sa rencontre avec Fabienne Larouche et Michel Trudeau est déterminante. Ils seront les producteurs de ses deux premières séries écrites en solo : Les yeux fermés, sortie fin janvier 2023 et Les Révoltés qui sera diffusée dans quelques semaines. C’est la consécration de plus de 10 années de carrière, d’efforts.
« L’écriture se nourrit de ma vie et elle nourrit ma vie »
Évidemment, Anita doit faire face à plusieurs défis tant sur le plan professionnel que personnel. Elle doit notamment apprendre à composer avec les refus ou voir ses textes retravaillés par des script-éditeurs. Elle se montre persévérante et en tire une grande leçon d’humilité, qualité essentielle puisque la télé est un travail d’équipe.
La carrière d’Anita a décollé peu de temps après la naissance de sa fille, une enfant à besoins particuliers. Le fait de bien gagner sa vie et de bénéficier d’une certaine flexibilité ont été salutaires pour permettre à la maman d’accompagner sa fille à la hauteur de ses besoins. Mais notre auteure en a fait une source de motivation, un moteur qui lui permettait d’avancer malgré la fatigue et les difficultés. Son deuxième enfant est né un mois avant la pandémie de la Covid-19 alors qu’elle était en pleine écriture de sa première série solo. Toute une gymnastique familiale afin de pouvoir concilier le travail, la scolarisation à la maison de son aînée et savourer les premiers mois de son nouveau-né. Pour Anita, il est impensable de passer ses journées à écrire sans interruption. « Pour moi, l’écriture n’est pas un sacerdoce, elle fait partie de la vie, elle se nourrit de ma vie et elle nourrit ma vie ».
Les modèles féminins qui l’ont inspirée !
Tout au long de son parcours, Anita a été inspirée par des scénaristes comme Chantal Cadieux, Francine Tougas, Joanne Arseneau, Isabelle Langlois, Estelle Bouchard mais aussi par des productrices qu’elle décrit comme étant infatigables à l’instar de Fabienne Larouche, Sophie Deschênes ou encore Sophie Lorain qui l’ont amenée à se dépasser et à sortir des sentiers battus.
« Toutes ces femmes m’ont appris différentes facettes du métier, en partageant généreusement leur expérience avec moi ou encore, en m’offrant l’opportunité de travailler avec elles. Ce qui me frappe, c’est à quel point il y a une solidarité dans ce métier (même si nos productions sont souvent en compétition pour des parts de marché). On m’a fait sentir que j’étais la bienvenue dans la cour des grands. Plus on avance, moins il y a de personnes qui peuvent comprendre notre réalité alors c’est précieux d’avoir un petit réseau qui nous soutienne, au besoin. En cas de doute, rien de mieux qu’un coup de fil à une collègue auteure pour remettre les choses en perspective ».
Anita, auteurE engagée !
Anita est aussi très active dans le domaine associatif. Elle siège au conseil d’administration de la SARTEC depuis 2014.
« J’ai découvert à la SARTEC un autre aspect de l’écriture notamment toute la structure mise en place pour protéger les auteurs et garantir leurs conditions de travail ».
Elle collabore également régulièrement avec la SODEC à titre d’analyste et fait partie de différents jurys dont celui de l’Atelier Grand Nord.
Soucieuse de faire une différence là où elle en a l’occasion, Anita offre des tricots à jeunes issus de milieux défavorisés et des personnes itinérantes. Elle tricote bénévolement entre 200 et 250 tuques par an, s’activant pendant ses réunions, le visionnement de séries ou en brainstormant pour ses projets.
Pour la relève !
Anita encourage les aspirants scénaristes à la persévérance qui est pour elle l’un des secrets de ce métier. Le chemin est long et semé d’embuches. Il faut saisir les opportunités d’apprendre et faire preuve de patience. Elle recommande aussi de beaucoup écrire même si les projets n’aboutissent pas. Selon elle, la méthode essai-erreur finit toujours par porter ses fruits.
Entrevue réalisée le 13 mars 2023.