courtoisie
«Gallant : Confessions d'un tueur à gages», un récit déconstruit et intime
Frédéric Bouchard - Quotidien Qui fait Quoi - Le mardi 12 novembre 2019 No 5843
Lorsqu’il a été contacté par le producteur Christian Larouche pour un projet d’adaptation basé sur le livre « Gallant : Confessions d’un tueur à gages », Sylvain Guy avait déjà suivi méticuleusement l’enquête exhaustive menée par le Journal de Montréal sur les 27 meurtres commis par Gérald Gallant. C’est donc l’ouvrage et surtout ce compte rendu journalistique qui ont guidé le scénariste dans l’écriture du récit fictif de ce criminel arrêté en mars 2009. Ayant également travaillé sur le scénario de « Mafia Inc. » réalisé par Podz, qui avait nécessité un an de recherche de sa part, il s’est retrouvé un peu naturellement face à ce projet de film.
Pour la version scénaristique de « Gallant : Confessions d’un tueur à gages », Sylvain Guy a néanmoins eu à approfondir sa recherche. « J’ai rencontré les policiers qui ont repassé les 27 meurtres de Gallant. Ils sont retournés sur les lieux des crimes. J’ai aussi discuté avec des criminels qui étaient issus du milieu plus spécifique qu’est celui de Gallant », précise-t-il.
Ce sont ainsi les contrastes de l’homme qui ont intéressé le scénariste. D’un côté, le personnage que joue Luc Picard est réservé, bégaie et vit dans une petite maison à l’allure paisible. De l’autre, il peut entrer dans un restaurant et abattre froidement quelqu’un.
« Il y a aussi une voix off à la "Goodfellas", indique Sylvain Guy. C’est Gallant qui nous parle et qui essaie de justifier un peu ce qu’il a fait en parlant au spectateur ou à celui qui veut bien l’écouter. Est-ce qu’il nous ment ? Est-ce que c’est vrai ? Il est très manipulateur. Et cet élément fera beaucoup la force du film. »
Voilà d’ailleurs ce que le scénariste a envie d’interroger : qui est notre voisin ? Au fil de ses propres recherches, où il a discuté avec ceux et celles qui habitaient tout près de Gérald Gallant à Donnacona, il a constaté le fossé considérable entre les apparences et la vérité plus intime de l’homme.
« Puis, de façon plus secondaire, c’est un film qui parle de pauvreté. Ça se déroule dans de la petite criminalité avec des gens qui sont, pour la plupart, au bas de l’échelle, et qui souhaitent monter. Ces gens n’ont pas beaucoup de moyens, autres que ceux qu’ils utilisent pour s’en sortir. Ça ne justifie rien, ça explique certaines choses », ajoute Sylvain Guy.
Et plutôt que d’opter pour un retour dans le temps classique, le scénario propose une structure narrative déconstruite où les 184 scènes font voyager le spectateur des années 60 jusqu’au début des années 2000.
« Je ne fais pas de plan lorsque j’écris un scénario, avoue Sylvain Guy qui connaît tout de même la direction qu’il veut emprunter au moment d’entamer l’écriture. Avec celui-ci, j’ai travaillé à partir d’images que j’avais dans ma tête. J’avais envie de raconter quelque chose d’intime avec quelqu’un qui raconte des souvenirs de sa vie. »
Mais, malgré le fait que son point de départ est le parcours de Gérald Gallant, le scénariste insiste sur l’idée que le film est d’abord et avant tout une fiction. Les membres de l’entourage du protagoniste, notamment, sont complètement inventés. Bien sûr, ils sont basés sur des êtres qui ont existé. Sylvain Guy a tout construit autour et à propos d’eux, allant même jusqu’à modifier tous les noms réels, exceptés ceux de Gallant et du Sergent Claude St-Cyr, ce dernier étant d’accord à ce que son identité soit utilisée pour les besoins du long métrage.