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Frédéric Bouchard

Catherine Léger adapte la plume sans compromis de Geneviève Pettersen au grand écran

27 juin 2019
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Frédéric Bouchard - Quotidien Qui fait Quoi - Le mercredi 26 juin 2019 No 5771

Auteure, dramaturge et scénariste prolifique, Catherine Léger explore à nouveau l'adolescence au féminin avec «La déesse des mouches à feu» réalisé par Anaïs Barbeau-Lavalette et produit par la Coop Vidéo de Montréal. Dans cette adaptation du roman éponyme signé par Geneviève Pettersen, celle qui est derrière le scénario de «Charlotte a du fun» retourne en plein milieu des années 1990 pour raconter le récit de Catherine, une jeune fille de seize ans vivant à Chicoutimi qui se retrouve confrontée au divorce de ses parents. Alors que l'équipe du film préparait une scène à tourner sur le plateau, Qui fait Quoi a discuté avec la scénariste.

Au moment de démarrer le processus d'écriture de ce long métrage, Catherine Léger s'est retrouvée devant le style très fort et très cru de Geneviève Pettersen, mais aussi face à un personnage principal très en retenu, qui parle peu, qui s'exprime toutefois très férocement dans le roman grâce à une narration au «je». La première grande décision à prendre fut donc d'éliminer complètement cette voix intérieure et de se concentrer sur l'action, révèle la scénariste.

«Alors, le défi est de transposer l'univers de Geneviève qui est très présent dans la langue et de prendre ce personnage de Catherine qui jongle entre des moments de silence et d'autres où nous sommes dans une parole très festive et propre à l'adolescence pour lui donner sa force, son regard unique sur le monde», précise-t-elle.

Évoluant au coeur d'un cercle d'amis à la hiérarchie très établie et au sein d'une dynamique parentale en crise, l'héroïne que refaçonne Catherine Léger en est une qu'elle décrit comme courageuse. Brillante à l'école, mais explorant beaucoup sans retenue, l'adolescente évolue dans un contexte bien particulier, dans lequel a grandi l'auteure, celui de l'année 1996.

«C'est une adolescence que je reconnaissais. Et nous l'avons eue très tough durant les années 1990. C'était sombre, nous écoutions du grunge, Kurt Cobain s'est suicidé. Il y avait un côté où nous n'étions pas dans l'ambition. Quand nous regardions l'avenir, nous avions l'impression que si l'on réussissait comme nos parents, ça signifiait que nous allions être dans une routine. Nous les jugions et nous pensions que nous n'allions jamais aller là. Il y avait une idéalisation du côté noir et il y avait quelque chose de cet univers qui me touchait beaucoup», raconte Catherine Léger à propos de l'ambiance de « La déesse des mouches à feu ».

Et au niveau de cette fameuse langue, la scénariste a tout fait pour garder intacts les mots employés par Geneviève Pettersen dans son manuscrit. Or, un travail a été nécessaire afin d'éviter toute forme de caricature d'un langage adolescent. C'est plutôt un sentiment de vérité et d'authenticité qui a été privilégié lors de cette transposition pour le grand écran.

D'ailleurs, rapidement, après les premières versions, Anaïs Barbeau-Lavalette et Catherine Léger ont oeuvré en parfaite collaboration. À travers des discussions d'usages, elles ont imaginé une oeuvre à l'approche commune. «Anaïs avait une vision claire de ce qu'elle voulait et était ouverte en même temps à ce que je pouvais apporter. Comme le ton et les personnages existaient, j'avais un travail de structure à faire. Nous suivons la vie de cette adolescente, mais il faut quand même que l'histoire progresse», indique celle qui est notamment à l'origine de la pièce «Baby-sitter».

À ce titre, Catherine Léger s'apprête à en terminer l'adaptation cinématographique aux côtés du producteur Martin-Paul Hus (Amérique Films). Elle développe également « L'abandon de la mésange », la transposition au cinéma du troisième tome de «Les filles de Caleb» d'Arlette Cousture avec Christal Larouche des Films Opale.

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