Pat Filteau
La règle du « Je »
Manon Vallée
COMMENT LE TRAJET DU PERSONNAGE CONSTRUIT LE FILM
Classe de maître d’Alain Berliner
Cette classe de maître d’Alain Berliner vous convaincra que se faire répéter ce que l’on sait déjà, mais de façon différente peut être très utile, surtout si vous êtes en train d’écrire votre film…
Alain Berliner débute sa carrière de scénariste à la télévision française. Ensuite il coscénarise et réalise Ma vie en rose, (Golden Globe du meilleur film étranger) qui connaît un très grand succès et longue carrière. Il réalise aussi les films suivants : Le mur, épisode d’un film collectif sur passage à l’an 2000, Passion of mind, La maison du canal, une adaptation du roman de Georges Simenon; une comédie musicale avec Clara Schiller, J’aurais voulu être un danseur, et Peau de chagrin, adapté du roman éponyme de Balzac, avec Michèle Laroque, la « mère » de la Vie en rose.
Après l’école de cinéma à Bruxelles, Alain Berliner a commencé sa carrière comme scénariste pour la télévision. Cette expérience l’a mené à ressemeler des scénarios, à analyser des problèmes d’écriture et à trouver des solutions, ce qui a alimenté sa réflexion sur l’écriture scénaristique. Quand il est entré à l’école de cinéma, il pensait vraiment qu’un scénario s’écrivait à l’inspiration. Vers la fin de ses études, un professeur se sert de Casablanca pour décrire l’élément déclencheur, les pivots, les fins d’actes, etc. Pour Berliner, c’est la lumière. Il vient de découvrir la mécanique de l’écriture. Cette mécanique, il ne la voit pas comme un dogme à respecter, mais comme une base à utiliser, un peu comme un peintre qui doit apprendre la perspective pour ensuite mieux la déconstruire. Le problème c’est que les divers éléments du scénario ne lui disent pas à quoi cela correspond dans l’histoire. C’est facile de faire cette analyse après avoir écrit le film, mais avant, pendant qu’on est en train de construire un film, comment fait-on pour identifier tous ces évènements qui sont nécessaires?
Après quelques années de pratique et de nombreuses discussions avec d’autres collègues scénaristes et réalisateurs, Alain Berliner en arrive à se dire que la meilleure façon pour lui c’est de construire le film sur l’arc psychologique et émotionnel du personnage principal. Ce qu’il est et surtout ce qu’il veut. Et c’est cet arc psychologique et émotionnel qui génère les événements du film et pas le contraire.
Le premier point sur lequel il se penche ici c’est ce dont on besoin pour faire exister un personnage dans un film. Le second point portera sur les étapes essentielles qui structurent son trajet dans le film, à travers l’exemple du film de Jacques Audiard, Un prophète.